Charles-Jean Avisseau - Saison 1

Charles-Jean Avisseau, potier-émailleur, est né à Tours le 25 décembre 1796. Dès l'âge de douze ans il montra de grandes dispositions pour le dessin et le modelage. Son père, pauvre ouvrier maçon, travaillait les jours de chômage dans une fabrique de faïence où il fit entrer son fils à huit ans, en 1804.

Un jour, dans la faïencerie du baron de Bezeval, à Beaumont-les-Autels (Eure-Et-Loir), on lui montra un plat de Bernard Palissy. Il fut frappé d'admiration et, dès cet instant, tous les loisirs qu'il pouvait avoir et toutes ses ressources furent employés à rechercher l'imitation des productions du grand maître potier. Sa persévérance fut prodigieuse pendant vingt-deux ans il continua ses essais, ne se lassant pas de perfectionner ses modelages.

Établi à Tours en 1843, il s'associa avec son beau-frère, Landais, pour la fabrication de la poterie entaillée et, bientôt, on vit sortir de ses ateliers de véritables chefs-d’œuvre de céramique.

Un de ces objets attira l'attention d'un employé de la manufacture de Sèvres, de passage à Tours, et qui crut devoir le soumettre à l'examen de M. Brongniard, directeur de cet établissement.

L'œuvre était magnifique elle fut achetée au nom du gouvernement, pour la collection de Sèvres. Ce qui fait qu'Avisseau est un artiste et non un artisan, c'est sa manière de travailler : il sculpte et cisèle, mais ne moule jamais.

Encouragé par les appréciations d'un homme aussi compétent que M. Brongniard, il travailla avec une nouvelle ardeur et arriva au dernier degré de perfection.

Sa réputation s'étendit rapidement, justement propagée par la presse locale et par la presse artistique de Paris et de l'étranger. A l'exposition de Londres, en 1851, un vase rustique et un plat de poissons, obtinrent tous les suffrages et furent unanimement déclarés égaux aux plus remarquables travaux de Bernard Palissy. L'exposition de 1855, à Paris, fut pour lui l'occasion d'un nouveau triomphe. 

Malgré ses succès, Avisseau, qui avait vécu pauvre, mourut pauvre. On sait, en effet, que des marchands lui proposèrent de fabriquer des imitations de Bernard Palissy. Mais, Avisseau repoussa ces offres avec indignation et aucune pièce ne sortit de ses mains sans être revêtue de son estampille.

Il mourut le 6 février 1861, âgé de soixante-six ans. Toutes les notabilités de Tours, parmi lesquelles on remarquait le Préfet d'Indre-et-Loire, assistèrent à ses obsèques.

Quelques jours après, le Conseil municipal de Tours, voulant rendre un hommage public à la mémoire du défunt, décida que la ville achèterait, pour être placés au musée, deux objets provenant de son atelier, l'un entièrement achevé, l'autre à l’état d'ébauche, mais qui serait terminé par M. Avisseau fils. En même temps, dans le but d'élever à Avisseau un monument funéraire, une souscription fut ouverte, et la population de Tours s'empressa d'y prendre part.

Ce monument, placé dans le cimetière de la Salle, sur un terrain donné par la ville, porte les inscriptions suivantes : Chaules-Jean AVISSEAU, potier, né A Tours, LE XXV DÈC. M DCC XCVI

MORT A TOURS, LE VI Fév. MDCCC LXI, Rénovateur de l’art de de Bernard Palissy.

Source : Dictionnaire géographique, historique et biographique d’'Indre-et-Loire et de l’ancienne Province de Touraine par J.-X. CARRÉ DE BUSSEROLLE, Membre de la Société archéologique de Touraine